Transat - La vision du Captain

Je ne m'étendrais pas sur le déroulé de la transat en elle même, je crois que l'Amiral a fait ça très bien 😏 !!
Quelques éléments tout de même:
2840 milles nautiques parcourus depuis le sud de Tenerife à la Martinique en 18 jours et 16 heures.
Cela fait une moyenne de 6.3 nœuds.
Pas de quoi faire une demande de record, mais nous ne sommes pas mécontents de cette performance.
Nous arrivions à faire 150 NM par jour en moyenne avec un mini à 130 et un maxi à 168.
Par comparaison, nos amis avec un Outremer 45, beaucoup plus performant, ont fait jusqu'à 200NM par jour.
Quasiment jamais de trou de vent, très peu d'utilisation des moteurs (sauf pour les manœuvres nez au vent) et bien sûr en contrepartie toujours des vagues...
Il en a résulté un confort assez moyen, voire pas terrible dans certaines périodes pour un cata.
La grande houle de la dernière semaine a beaucoup impressionné l'équipage, de belles "collines" poussant l'arrière du bateau avec l'impression que la vague est au dessus des panneau solaires (ah les problèmes de parallaxe!). Sans avoir pu les mesurer précisément, le routeur nous annonçait une houle de 3.5m.

Le routeur justement... Nous avons pris tardivement la décision de faire appel à ce type de service sachant que "la route des alizés" est un itinéraire sans grande surprise et avec des conditions assez stables. Clairement nous sommes très satisfaits de la prestation de Michel et ce pour différentes raisons:
  • avoir quelqu'un à terre et dont c'est le métier qui prend en charge l'analyse des conditions météo tout au long du parcours et qui détermine la meilleure route à suivre nous libère complétement de cet aspect et permet de se concentrer sur la gestion du bateau (et de l'équipage pour moi, mais j'y reviendrai).
    Je pense que c'est le point le plus important pour moi, dans le contexte de la route que nous avons suivie bien sûr
  • malgré l'aspect "autoroute" de cette transat, Michel nous a permis d'éviter de mauvaises conditions au sud, ce qui explique pourquoi nous avons suivi une route assez nord qui a fait penser que nous allions arriver en Guadeloupe...
    Il faut garder en mémoire que même si nous disposons d'un accès internet via le téléphone satellite, les débits n'ont rien à envier à ce que nous avions avec les vieux modems téléphoniques utilisés aux débuts d'internet (et que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître), sans parler des coûts. Dans ces conditions, impossible à bord de télécharger des fichiers météo sur une zone géographique large et sur plusieurs jours !
  • nous envoyons tous les matins notre position à Michel et celui ci nous répond quelques heures plus tard avec les prévisions à 3 jours et un nouveau "waypoint" (point sur la carte) à suivre. Ce mode de fonctionnement impose certes de se connecter 2 fois par jour, mais avec des messages très courts et des temps de connexion  de l'ordre de 30 secondes.
    Je crois que c'est plus efficace en termes de temps de connexion Iridium que de faire la demande de fichiers météo.
  • cet échange quotidien avec une personne à terre a un côté assez rassurant, même si on se connaît pas
  • cerise sur le gâteau, Michel inclus dans sa prestation la diffusion de notre position au jour le jour. c'est grâce à ce service que certains d'entre vous ont pu suivre notre progression. Cet aspect peut être facilement remplacé par une balise de géolocalisation (que nous n'avons pas).
Nos choix de navigation:
  • la traversée vers les Canaries à partir de l'Andalousie nous avaient montré que sur des vents très "portants", quasiment vent arrière, la grand voile ne nous servait qu'à déventer les voiles d'avant. Sans parler d'un confort plus que relatif et une surveillance de tous les instants pour éviter l'empannage (passage de la bôme sur l'autre bord, toujours dangereux pour le matériel)
    Sans GV, tout est plus simple sans une perte significative des performances
  • nous avons donc fait la quasi totalité de la transat sans GV avec soit le Code 0 quand le vent ne dépassait pas 20 nœuds, soit le génois.
    Nos manœuvres se sont donc résumées au changement de voiles d'avant et aux empannages (bien plus faciles qu'avec la GV haute) 
  • les quarts s'en sont trouvés simplifiés, d'autant plus appréciable la nuit...
Bref, une traversée plutôt tranquille en termes de navigation (au sens gestion de la route et du bateau), mais bien loin des récits idylliques que nous pouvons lire ici ou là .

Mon équipage 😍
  • j'ai pris un risque: seul mec à bord avec trois filles, pas sûr que l'autorité du capitaine survive à ça...
  • pour être parfaitement clair, elles ont été géniales !!!
    Mon vrai regret, mais elles n'y sont pour rien, a été leur état mitigé durant la traversée, voire plus que mitigé pour Isa
    C'est vraiment dommage parce que sans ça, je crois qu'on serait parti en plein délire (déjà que...)
  • j'ai souvent eu l'impression d'être avec une bande d'ados qui partaient dans des fou rires improbables pour un mec, mais tellement agréables à entendre. Bon quelques fois pendant mes périodes de repos j'étais réveillé en sursaut ne sachant pas si l'une ou l'autre pleurait ou rigolait. Pas de souci, c'était toujours une grosse rigolade
  • toute ma reconnaissance et mon admiration spéciale à Isabelle qui a réussi à surmonter son mal de mer persistant et n'était pas la dernière à "faire l'ado"
  • un point noir quand même, leur handicap les empêchant de s'affranchir des tâches ménagères, je n'ai jamais fait autant de vaisselle et de cuisine (bien aidé par Carole)... Tu parles de mousses !
  • dans les quelques bateaux que nous avons croisés, un anglais avec qui nous discutions par VHF m'a demandé la composition de l'équipage. Il voulait échanger !!
Voilà, pas évident de résumer presque 3 semaines de traversée, même si les choses sont relativement répétitives; de l'eau, de l'eau, de l'eau.
Je zappe les poissons volants qui se fracassent sur le bateau, les hublots, des écailles partout sur le pont, le cockpit, .... Il y en a même qui est arrivé dans le carré !
Je zappe aussi les daurades coryphènes qui ont égaillé notre parcours et surtout nos papilles !

Il reste maintenant à bien se rendre compte que nous sommes arrivés aux Antilles; pas si évident je vous assure... Mais je pense que la soirée de Noël qui arrive va bien aider 😉

Passez de très bonnes fêtes de fin d'année

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