18 jours, 18 nuits dans un shaker !!!
Voilà résumée en quelques mots cette fameuse transat : un shaker infernal sans la moindre journée d'accalmie !
A l'heure où j'écris, nous vivons les
dernières heures de ce voyage Tenerife/Martinique, on est jeudi 22
décembre, il est 14h, nous commençons à sentir le parfum du rhum,
et nous prévoyons de jeter l'ancre à Sainte Anne en début de nuit
prochaine ! Il nous reste 70 miles à parcourir et nous célébrons
chaque dizaine en moins en chanson ! Tout l'équipage est pressé
d'arriver enfin, même si nous avons effectué un temps de parcours
tout à fait honorable !
Chacun de nous 4 évoquera le voyage à
sa façon, voici la mienne :
Les jours se sont succédés sur le
même schéma : Alizé installé et costaud, vagues toujours plus
grosses et impressionnantes dans tous les sens qui n'ont eu de cesse
de nous secouer tout au long du parcours et sans un seul jour de
pause. Conséquence directe de ces conditions, le mal de mer qui ne
m'a jamais lâché exceptées quelques heures quand par hasard les
médicaments censés le faire disparaître voulaient bien faire un
peu d'effet !
Donc bien entendu, dire que le temps
m'a paru long est loin de la réalité, j'ai attendu, guetté chaque
mile effectué, chaque heure écoulée qui enfin signerait la fin du
voyage.
Ma position pour 90% du voyage a été
allongée, quand je me sentais mieux je pouvais m'assoir, et debout
était vraiment exceptionnel et ne pouvait durer plus que quelques
minutes...
Du coup, impossible de cuisiner,
impossible de bricoler, tournoi de tarot annulé ainsi que tout autre
jeu, aller prendre une douche demandait une préparation morale et
n'a souvent pas été possible, et très vite je n'ai pas pu aller
dormir dans notre cabine, donc canapé !
Que du bonheur !
Alors, sûr et certain, plus jamais
d'autre traversée pour moi !!
Je parle beaucoup de moi... mais pour
les autres membres de l'équipage Vent d'Ailleurs, ce ne fut guère
plus facile. Soizic a eu une première semaine très difficile,
ensuite les patchs Scopoderm ont fini par faire effet mais les fins
de journées étaient malgré tout souvent douloureuses, Carole et
Gilbert étaient moins touchés mais impossible pour eux aussi de
mener une vie normale, loin de là... Et pourtant il leur a fallu
bien souvent assumer pour nous la navigation, la préparation des
repas, la vaisselle... mais de toute façon, nous n'aurons jamais pu
cuisiner autre chose que de l'ultra rapide, voire des soupes
lyophilisées, j'avais prévu de faire du pain un jour sur deux mais
finalement un seul aura été cuit (j'ai du stock de farine pour un
moment !!), bref on a eu l'impression d'être en mode survie pendant
18 longs jours...
Après tous ces aspects négatifs,
j'espère qu'avec un peu de recul, je ne garderai en souvenir que le
positif : l'ambiance à bord !
Et là, je dois remercier mille fois
nos 2 mousses, Soizic et Carole, qui ont été exceptionnelles : pas
un jour sans plusieurs fous rires, on est vraiment partis dans des
délires incroyables, sûrement que la tension nerveuse y était pour
quelque chose, car pour elles aussi les conditions étaient rudes,
mais ce fut un vrai bonheur de les avoir avec nous et de partager ces
excellents moments de défouloir pur !!!
Soizic et moi avons beaucoup chanté,
nos coéquipiers ont eu droit à des concerts mémorables, nous
avions même un hymne à bord qui nous mettait du baume au cœur dans
les moments de découragement... "donne du rhum à ton homme !"
Et bien cette chanson à tue tête dans le bateau, ça faisait
beaucoup de bien au moral !!
A ce propos, parlant de rhum,
impossible d'envisager le moindre apéro, verre de vin ou autre,
personne n'en avait envie, c'est dire l'état des troupes !!
Les filles ont rédigé un cahier
illustrant chaque journée, je ne pourrai pas tout reproduire, ce
serait beaucoup trop long, mais je vais choisir les "meilleurs
moments ", ce sera leur version de la transat, vraiment pas
triste !!
Nous avons aussi eu la joie, après de
longs mois bredouilles, de pêcher quelques très belles daurades
coryphenes et de s'en régaler au barbecue, en tartare à la
tahitienne...
Nous avons d'ailleurs rebaptisé la
transat "route de la daurade au rhum" !
Et notre capitaine, mon chouchou à moi
? Et bien, il a franchement été à la hauteur ! Il a eu fort à
faire, devant à la fois gérer la météo, la pression de nous
amener à bon port et en sécurité malgré des conditions souvent
difficiles, mon état nauséeux perpétuel et les baisses de moral
voire les larmes qui vont avec, nos délires de filles certainement
souvent incompréhensibles pour un homme, et les rires qui l'ont
souvent réveillé alors que ses périodes de sommeil étaient plutôt
courtes...
Parlons-en de son sommeil, lui pour qui
c'est vital a vraiment dû aller contre sa nature, pour à la fois
assurer ses quarts, me relayer quand j'en étais incapable, sans
compter le nombre de fois où on l'a réveillé en catastrophe pour
une manœuvre ou une décision urgente...
Du coup, il arrive fatigué et encore
délesté de quelques kilos, plus que la peau, les os... et les
muscles !!!
Et il lui reste encore une mission le
pauvre, me rendre heureuse en bateau ces prochains mois, car après
cette douloureuse expérience, je serais prête à rentrer à terre
!! Mais je compte sur lui et les bienfaits des Antilles, rhum,
accras, eau turquoise et chaude, bateaux copains ... pour me faire
changer d'avis !!
Derniers mots pour remercier tous ceux
qui nous ont encouragé de leur SMS : Denys, Christiane, Bernard,
Christine, Domi, Joelle, Romain, Nicole, Gérard, Jacky, Marie
Claire... chaque message était un moment de fête, merci tout
particulièrement de vos encouragements me concernant !!
Petit mot spécial pour Eurielle de
Cataja, non tu n'es plus la seule à ne pas t'être retrouvée dans
les récits de transat des autres voyageurs ! Mais nous aurons
l'occasion de partager nos expériences bientôt, nous devrions être
à Saint Barth en mars ou avril. Merci en tout cas de tes nombreux
encouragements pour nos premiers pas de "grands voyageurs "
!!
Bravo et chapeau à toute l équipe….
RépondreSupprimerJoyeux noël et bonne année