Un petit tour à Grenade et puis s'en va !


Difficile de quitter Grenade comme prévu la semaine dernière sans avoir visité l'île. Le temps d'organiser la balade... et hop, en voiture avec Mikael pour un tour complet.


On aurait pu choisir de louer une voiture et de visiter à notre rythme, ce que nous privilégions largement habituellement, mais ici la conduite est à gauche, les routes étroites, et les conducteurs parfois... bref on a joué la sécurité et on ne l'a pas regretté.
Le guide était parfait, très généreux dans ses explications (on connaît maintenant l'histoire de Grenade sur le bout des doigts), très disponible, et la visite fut très intéressante. J'ai pu me remettre à fond à l'anglais, il faut dire que depuis quelques semaines je potasse mon vocabulaire parfois défaillant !!
Et pour ne rien gâcher, la pause déjeuner chez Helena : dame très accueillante, cuisine locale, et... pas de touristes dans ce resto, le top !


Petite histoire de l'île, ma foi assez classique des Antilles : Une île habitées par les indiens caraïbes, puis envahie par les Français vers 1650. S'en suit une lutte qui se termine pour les derniers Caraïbes, préférant la mort à la reddition, par un saut dans le vide au bord d'un morne surplombant la côte nord. L'endroit est alors baptisé "Morne des Sauteurs".
Une fois les Caraïbes éliminés, histoire classique de lutte entre français et anglais pendant un siècle et demi, afin de conquérir la belle et fertile Grenade.
L'île est finalement concédée aux anglais en 1783, et il ne reste du passage des français que quelques noms de villages et caps, et quelques mots de patois. Notre guide a mis un point d'honneur tout au long de la journée, à s'entraîner à une belle prononciation française de ces noms !
Grenade devient indépendante et membre du Commonwealth en 1974. Son premier ministre se lance dans un vaste programme d'investissement touristique et immobilier, mais sa tendance à "l'enrichissement personnel" provoquera son renversement en 1979 par Maurice Bishop et les progressistes, avec l'aide de Cuba et des Russes.
En 1983, l'US Navy débarque, et met en place un gouvernement plus conservateur.
Depuis, le calme est de mise, et l'évolution du tourisme a repris son cours.

L'île est belle, à l'image bien sûr de ses soeurs antillaises, des côtes très découpées en criques profondes, quelques belles plages, et au centre des reliefs d'origine volcanique recouverts d'une belle forêt tropicale (enfin pas tout à fait aussi belle à mon avis que celle de Dominique qui doit malheureusement être méconnaissable après le passage du cyclone cet été).








La météo était grisounette, alors les photos... aussi ! Parfois un peu floues également car prises depuis la voiture, sorry !!

Un eucalyptus australien... beaucoup plus flamboyant en vrai !
Une jolie coutume à Grenade : pour célébrer l'indépendance de l'île, chaque année les habitants peignent des éléments des rues aux couleurs de leur drapeau. J'adore !









Dans les villages grouillants de vie, toujours ce joyeux mélange de maisons pimpantes, d'autres plus délabrées, et également de villas "bourgeoises", souvent des habitants de Grenade partis vivre en Angleterre et revenus construire sur leur île à l'image de l'habitat anglais.








Et la vie de village...





Grenade, également surnommée Spice Island (l'île aux épices), est un gros producteur de muscade, mais également de noix de coco, banane et cacao.
En septembre 2004, le cyclone Yvan a tout dévasté (habitations, forêts et cultures) sur son passage. Aujourd'hui, plus de trace et tout doucement l'île reconquiert son rang, elle était alors 2ème producteur mondial de muscade.
Le traitement de la muscade est très artisanal, beaucoup de main d'oeuvre pour un travail très manuel, on n'a malheureusement pas compris grand chose aux explications du guide de l'usine qui débitait l'anglais à une vitesse rarement entendue pour nous !!
Une seule photo... visite un peu express !


Après la muscade, le chocolat ! Excellent, on n'a pas résisté, on a tout goûté !!
L'entreprise Jouvay (du français j'ouvert, patois caribbéen signifiant début du carnaval), ancienne distillerie convertie en Cacao Farmer's, sorte de partenariat avec les producteurs leur procurant des revenus garantis, à l'image du commerce équitable je pense.




Impossible de visiter une île antillaise sans passer par la case distillerie.
Et pour le coup, on aurait vraiment regretté de rater celle-ci pour laquelle, par ailleurs, on a eu droit à une visite juste pour nous. L'établissement est fermé le week-end mais un charmant jeune homme nous a très gentiment tout montré, tout expliqué et fait déguster.



Cette distillerie est très particulière à plusieurs égards:

* Construite par des français (avant qu'ils ne soient chassés par les anglais !), elle fonctionne comme celles situées en Martinique et en Guadeloupe. C'est donc directement le jus de canne à sucre qui est utilisé pour la fermentation - pour faire du rhum agricole - et non la molasse qui est à la base de tous les autres rhums des Antilles.
Au final on a un produit beaucoup plus parfumé et doux (enfin c'est relatif)

 

 * La production est continue tout au long de l'année afin de faire face à la demande (sic). Dans toutes celles que nous avons visitées auparavant, la production est saisonnière (pendant la saison sèche où la concentration en sucre est maximale)

* La distillerie n'a subi aucune transformation ni ajout technologique depuis sa création.
l'énergie nécessaire est principalement fournie par une roue à aube, alimentée par la rivière Antoine, déviée de son cours par un aqueduc. Le tapis roulant acheminant la canne à sucre et le pressoir sont donc mus par cette roue.






Les condenseurs sont réchauffés par la combustion de la "bagasse", résidu de canne à sucre après son passage dans le pressoir.
Les deux alambics sont chauffés au bois 24h sur 24
Autant que faire se peut, les fluides sont transférés d'une cuve à l'autre par gravité.
Et le reste... est réalisé à la main, que ce soit la coupe des cannes, l'alimentation du tapis roulant, le transvasement des cuves de condenseurs, la mise en bouteilles, la chauffe ...
Seule exception à la règle, un groupe électrogène alimente une pompe pour le transfert du jus vers les cuves de fermentation situées en hauteur.
Cette petite entreprise emploie 80 personnes à l'année !

Les condenseurs




Le poste d'embouteillage
* Comme nous sommes à Grenade, le rhum local fait au moins (!) 75°, sauf pour celui destiné à l'export qui est ramené à 69° pour des raisons de sécurité (au delà de 70° le liquide devient inflammable, ce qui pose quelques problèmes en avion).
Notre guide nous a chaleureusement suggéré de goûter celui à 75° en vantant son aspect "smoothy" comparé à celui à 69°. Même si ce n'est pas faux, ça arrache bien, surtout sec et en début d'après-midi.
Résultat, on en a pris une bouteille 😋



C'était la grande reprise du blog 😃😃, avec l'aimable participation du capitaine pour la description technique du fonctionnement de la distillerie !!



Demain matin 6h30, on lève l'ancre direction La Martinique, une autre reprise 😉

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